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Projet de recherche
Plan
I. Projet initial: les recherches jusqu'en 1996
I.1. L'objet d'étude
I.1.1. La tradition grecque
I.1.1.a. Heuristique
I.1.1.b. Transmission
I.1.1.c. Tradition indirecte
I.1.2. Les traductions orientales
I.1.2.a. La version copte
I.1.2.b. La version arménienne
I.1.2.c. La version syriaque
I.1.2.d. Les versions géorgiennes
I.1.2.e. La version arabe
I.1.2.f. Les autres versions
I.2. L'objectif
I.3. Les besoins
I.3.1. Dans le domaine grec
I.3.2. Dans le domaine des traductions orientales
II. ARC 1996-2001
II.1. La tradition grecque
II.1.1. Heuristique
II.1.2. Transmission
II.1.3. Tradition indirecte
II.2. Les traductions orientales
II.2.1. La version arménienne
II.2.2. La version syriaque
II.2.3. Les versions géorgiennes
II.2.4. La version arabe
II.3. La circulation et l'assimilation des textes
II.3.1.Les commentaires byzantins
II.3.2.Les commentaires orientaux
II.4. L'iconographie
II.5. Le développement d'outils informatisés
II.5.1. Lemmatisations grecques
II.5.2. Lemmatisation latine
II.5.3. Lemmatisations orientales
II.5.4. Comparaison multilingue
II.6. Conclusion générale
I. Projet initial: les recherches jusqu'en 1996[1]
Un projet international, patronné par la Görresgesellschaft zur Pflege der Wissenschaft (R.F.A.), a été organisé aux débuts des années 1980 pour préparer l'édition critique d'un corpus textuel particulier, celui des oeuvres de Grégoire de Nazianze (auteur grec chrétien du IVe s. ap. J.-C.), caractérisé par l'étendue de sa diffusion, à la fois en grec et sous forme de traductions, dans l'ensemble de l'Orient chrétien, c'est-à-dire dans le monde byzantin et parmi les communautés chrétiennes qui se sont développées sous l'influence (politique, culturelle ou religieuse, selon les époques) de Byzance.
Parmi les oeuvres de Grégoire de Nazianze — discours, poèmes, lettres —, ce sont surtout les discours qui ont fait l'objet de traductions: leur étude requérait le concours d'une équipe d'orientalistes. C'est pourquoi le projet a confié les recherches sur les discours à l'U.C.L., les autres textes étant traités par l'Université de Münster (Biblio 14, 17)[2]. L'exposé qui suit concerne le programme de recherches de l'équipe de l'U.C.L.
Les discours ont été traduits, dès après la mort de Grégoire, dans les différentes langues de l'Orient chrétien ancien: successivement en copte, en syriaque, en arménien, en arabe, en géorgien, en slavon et en éthiopien, certaines de ces langues ayant même donné lieu à plusieurs traductions; en outre, une version latine a également été réalisée environ une dizaine d'années au plus tard après la mort de l'auteur. L'oeuvre de Grégoire de Nazianze pouvait ainsi devenir un trésor commun à différents peuples, un patrimoine grâce auquel des nations de langues, de traditions et de cultures diverses, se rejoignaient autour d'idées communes, qui constituent les fondements de l'unité de l'Orient chrétien et qui sont encore à la base de la culture européenne aujourd'hui.
I.1. L'objet d'étude [3]
La circulation des oeuvres de Grégoire de Nazianze en grec a commencé du vivant même de l'auteur, et s'est poursuivie de manière ininterrompue jusqu'à l'époque moderne. Elle est caractérisée par les éléments suivants: le nombre de manuscrits conservés, la complexité de leur transmission, l'importance de la tradition indirecte.
Le nombre de manuscrits conservés des oeuvres de Grégoire de Nazianze est exceptionnellement élevé: plusieurs centaines de manuscrits antérieurs au XVIe s. (débuts de l'imprimerie) sont conservés (ce qui ne représente qu'une petite partie de ce qui a effectivement existé), représentant l'une des traditions grecques les plus abondantes. L'heuristique (c'est-à-dire le repérage et l'identification de tous les manuscrits conservés contenant des oeuvres de Grégoire de Nazianze) devait encore être achevée. Une collection de microfilms et de photographies des manuscrits grecs était constituée au Centre d'Études sur Grégoire de Nazianze, à Louvain-la-Neuve.
Chaque copie donne lieu, de la part des scribes, à des fautes et à des modifications mineures du texte, si bien que le texte préservé en bout de chaîne comporte parfois des différences importantes par rapport au texte original de l'auteur. La tâche de l'éditeur consiste à démonter le mécanisme de ces fautes et de ces modifications pour remonter le plus près possible du texte de départ, tel qu'il a été rédigé par Grégoire de Nazianze lui-même.
La transmission des oeuvres de Grégoire a pris plusieurs formes. Les oeuvres ont été copiées soit de manière individuelle, soit en groupe. Dans le premier cas, des discours de Grégoire ont été intégrés à des ensembles plus vastes, par exemple des panégyriques de saints dans des collections de vies de saints rédigées par divers auteurs (recueils hagiographiques, ménologes, etc.). Dans le second cas, les oeuvres de Grégoire ont été elles-mêmes regroupées en collections, soit complètes, soit partielles, pour se présenter comme un corpus des oeuvres de l'auteur. Chacun de ces regroupements connaît une histoire particulière, et est susceptible de correspondre à un état particulier du texte. L'éditeur doit également dresser l'histoire de ces collections et identifier ces états de texte.
Les manuscrits grecs antérieurs à l'an 850 ont presque tous disparu: l'éditeur est donc obligé de faire l'histoire d'un texte pour lequel il n'a pas de témoin direct entre la fin du IVe s. ap. J.-C., époque de la rédaction, et la fin du IXe s., date des plus anciennes copies grecques conservées. Il doit donc rechercher ailleurs des informations dites "indirectes" sur cette période de l'histoire du texte. Dans le cas de Grégoire de Nazianze, il est possible de faire appel aux témoins indirects que sont les traductions orientales, car certaines de celles-ci, réalisées avant le IXe s., peuvent permettre de remonter à un état du texte grec antérieur aux plus anciens manuscrits grecs conservés. C'est le postulat méthodologique à la base du développement du projet.
I.1.2. Les traductions orientales
L'intérêt de ces traductions est double:
a) philologique: la date et la fidélité de ces traductions en font des témoins indirects plus anciens que les premiers manuscrits grecs conservés des oeuvres de l'auteur;
b) historique et culturel: l'assimilation d'un texte grec byzantin par différents milieux de l'Orient chrétien présente un cas typique permettant d'analyser l'intégration dans ces milieux des éléments (culturels, religieux, linguistiques, etc.) véhiculés par ce texte, et de mettre en lumière, en retour, l'acculturation de ces milieux à un ensemble culturel plus vaste défini en partie par ces éléments.
C'est pourquoi les versions orientales étaient appelées à occuper une place de premier ordre dans le programme d'édition critique des oeuvres de Grégoire de Nazianze. Dès le début du projet, l'heuristique des manuscrits orientaux avait été entamée parallèlement à la recherche des témoins grecs. Une collection de microfilms et de photographies des manuscrits orientaux était progressivement rassemblée au Centre d'Études sur Grégoire de Nazianze.
Le copte n'a conservé que quelques textes, dans deux dialectes: des fragments en dialecte sahidique des discours 21, 43 et 45, et le texte complet, en dialecte bohaïrique du Delta, du discours 14. Ces textes coptes ont été édités dans le cadre du projet initial (avant 1996).
I.1.2.b. La version arménienne
Le corpus arménien représente la plus ancienne version orientale complète des discours de Grégoire de Nazianze, conservée dans plus de 150 manuscrits arméniens, auxquels il faut ajouter une abondante tradition indirecte, faite de citations et de commentaires composés en arménien. La version arménienne est anonyme et elle ne peut être ni datée ni localisée avec précision. Cependant, une analyse linguistique détaillée a montré que le type de langue utilisé dans cette traduction était antérieur aux productions de l'école hellénophile arménienne; c'est pourquoi la version peut être située dans la seconde moitié du Ve s., au plus tard aux alentours de l'an 500.
Outre cette ancienneté, deux caractéristiques de la version arménienne étaient susceptibles de la rendre particulièrement utile pour l'histoire et l'édition du texte grec:
a) d'une part, l'arménien conserve les plus anciens témoignages sur les acolouthies (séquences des discours dans les collections) et les collections, notamment sur les collections théologique et liturgique, information importante pour l'histoire des collections en grec;
b) d'autre part, la fidélité, parfois même la littéralité de la traduction arménienne doit permettre d'en tirer des informations précises sur la nature du texte grec qui a servi de modèle.
La traduction syriaque des discours, dont le premier état remonte à la seconde moitié du Ve s. (Edesse?), a connu, comme celle de la Bible, un processus continu de révision sur le grec. La révision la plus importante et la plus systématique fut celle de Paul d'Edesse, terminée en 623/624. C'est pourquoi les manuscrits représentent diverses rédactions (distinguées en version ancienne, version moyenne, version récente). Une telle succession de couches rédactionnelles complique la tâche de l'éditeur, qui ne peut se contenter d'éditer un texte unique, mais qui doit plutôt s'efforcer de reconstruire en parallèle les différents états du texte. Elle permet peut-être aussi de suivre l'évolution du texte grec du modèle des rédactions.
I.1.2.d. Les versions géorgiennes
La complexité du domaine géorgien est encore plus grande, car certains textes y ont connu quatre traductions différentes. Une autre originalité du géorgien est d'avoir préservé, outre les discours, certaines lettres et un grand nombre de poèmes (Carmina). Les recherches avaient permis d'identifier les traductions suivantes:
- une version anonyme de deux discours (38 et 39) réalisée entre le VIIe et le IXe s. et intégrée dans des recueils liturgiques très importants en Géorgie;
- la traduction des discours 7 et 27 par Grégoire d'Ochki dans la seconde moitié du Xe s.;
- la traduction de 11 textes (discours 2, 4, 8, 9, 10, 12, 24, 28, 34, 26, lettre 101) par David Tbeli à la même époque;
- la traduction de 22 discours par Euthyme l'Hagiorite (Iviron, Mont Athos, entre 975 et 1028);
- la traduction de 17 discours par Ephrem Mtsire ou Ephrem le Petit (Montagne Noire, près d'Antioche, XIe s.).
La tradition manuscrite géorgienne, qui ajoute encore au corpus un grand nombre de pièces inauthentiques, comporte un peu plus de 200 témoins. Comme en syriaque, l'édition doit envisager de publier en parallèle les différentes versions de chaque pièce.
Les discours de Grégoire de Nazianze auraient fait l'objet de deux traductions successives, toutes les deux au cours du Xe s.:
- une première version, due à un certain Antonios, encore malhabile et présentant une langue arabe rudimentaire marquée par les hellénismes;
- une collection de 30 discours fut ensuite retraduite en arabe par le "protospathaire" Ibrâhîm ibn Yûhannâ d'Antioche, avant la fin du Xe s., en utilisant la version d'Antonios et en recourant aux textes grecs et sans doute syriaque.
Cette collection a connu une diffusion rapide et importante, donnant naissance à différents types de recueils arabes, attestés par des manuscrits dont certains remontent au XIIIe s. Toutefois, certains discours qui figurent à titre isolé dans des homéliaires pourraient représenter une autre version arabe. La tradition manuscrite arabe rassemble près de 160 témoins, dont l'analyse a permis de déterminer où et comment sont nés les recueils de discours en arabe, processus dans lequel le centre du Sinaï a joué un rôle important.
Trois traductions sont connues en slavon:
- une première version de 13 discours, qui remonte au XIe s.;
- une seconde version, du XIVe s., corrige la première traduction pour 8 discours et ajoute une nouvelle traduction pour 8 autres discours;
- une troisième rédaction a été opérée au cours des XVe-XVIe s.
Les oeuvres de Grégoire de Nazianze ont exercé une profonde influence dans le monde slave, et cela dès l'époque des saints Cyrille et Méthode (IXe s.), dont Grégoire fut le modèle.
Il existe également, dans des recueils éthiopiens des XVe-XVIe s., des extraits des oeuvres de Grégoire, traduits sur une version arabe elle-même traduite du copte.
Ces textes, en grec et dans les différentes versions orientales, constituaient un ensemble particulièrement intéressant pour l'étude de l'évolution culturelle du monde de l'Orient chrétien.
Mais il s'agissait d'abord de répondre aux exigences de la philologie, en rendant possibles de futures éditions critiques de ces textes à partir d'une connaissance exhaustive des traditions manuscrites, dans chacune des langues concernées. Au départ, le projet s'est donc consacré:
- à l'heuristique des traditions grecques et orientales;
- à la caractérisation des différentes versions;
- à une première approche de leur histoire.
Ces travaux d'approche avaient permis d'entrevoir:
- que chacune des versions orientales avait été réalisée pour répondre aux besoins religieux et intellectuels des nations voisines de Byzance et partageant avec Constantinople un grand nombre de valeurs communes;
- que chacune de ces nations, pour pouvoir s'alimenter au réservoir des oeuvres patristiques grecques, avait donné naissance à des écoles de traduction spécifiques, avec des moyens techniques propres à chacune d'entre elles;
- que chaque traduction, tout en respectant le modèle à traduire, s'en écartait par endroit, et que ces écarts pouvaient être révélateurs des attentes et des centres d'intérêt des milieux de réception.
A ce stade des recherches, les besoins principaux étaient les suivants.
- terminer l'heuristique de la tradition grecque et compléter la filmothèque de manuscrits grecs du Centre d'Études sur Grégoire de Nazianze;
- dessiner les grandes lignes de la transmission du texte en grec et du rôle des collections complètes et partielles dans ce processus;
- collationner les premiers manuscrits grecs;
- rechercher les caractéristiques textuelles qui s'avéreraient utiles à la fois pour le classement des manuscrits grecs et pour l'exploitation des versions orientales.
I.3.2. Dans le domaine des traductions orientales:
- collationner les manuscrits orientaux;
- produire les premières éditions critiques, particulièrement pour les traductions orientales considérées comme les plus importantes pour l'histoire du texte grec, à savoir les versions arménienne, syriaques, géorgiennes et arabes;
- comparer, sur un certain nombre de textes et en priorité sur les textes mis en édition, les versions entre elles et avec les résultats des collations grecques.
C'est sur ces bases que s'est développée l'ARC 1996-2001.
L'ARC 1996-2001 répondait à un triple objectif et à une perspective précise.
Les trois objectifs principaux étaient de:
- fournir les éléments de réponses aux besoins du projet à ce stade (cfr I.3.1-2);
- rechercher les caractéristiques de la circulation et de l'assimilation des oeuvres de Grégoire de Nazianze dans l'Orient chrétien;
- chercher confirmation ou infirmation de ces caractéristiques dans l'étude d'un thème non philologique (non textuel): c'est le cas de l'iconographie de Grégoire de Nazianze qui a été retenu.
La perspective était de partir du cas fourni par les oeuvres de Grégoire de Nazianze comme d'un cas exemplaire ("case study"), typique des phénomènes de diffusion et d'assimilation des textes dans l'Orient chrétien: il s'agissait de développer le projet "Grégoire de Nazianze" comme un projet modèle valable pour l'ensemble de l'étude de l'Orient chrétien.
Conformément au plan de travail, les étapes suivantes ont été réalisées.
L'heuristique des manuscrits grecs a été entièrement terminée, avec la parution du sixième et dernier volume de la série "Repertorium Nazianzenum" par les soins de J. Mossay et de B. Coulie (Biblio 102; voir aussi 100 et 112). Au total, près de 1600 manuscrits grecs ont été recensés, décrits et analysés; dans cet ensemble, 1275 manuscrits contiennent des textes des discours de Grégoire de Nazianze, les autres conservent des commentaires, le texte de la Vie de Grégoire, ou des extraits dans des florilèges. L'ensemble des recherches heuristiques confirme l'importance exceptionnelle de la tradition manuscrite grecque de Grégoire de Nazianze, l'une des plus importantes dans le monde grec après la Bible.
Les recherches ont porté sur le classement de la tradition en grands ensembles (collections complètes, collections liturgiques de XVI discours, collections non-liturgiques, etc.), avec la dissertation doctorale de V. Somers consacrée à l'histoire de la tradition manuscrite grecque et à la constitution des collections complètes de discours (Biblio 98 et 139). Cette recherche a démontré qu'il fallait revoir les hypothèses d'édition traditionnellement admises, et qu'il fallait examiner aussi les manuscrits représentant d'autres filières de la transmission: collections partielles diverses, pièces circulant dans des recueils qui rassemblent les oeuvres de plusieurs auteurs (homéliaires, ménologes, recueils hagiographiques, etc.). Ces conclusions ont fourni le point de départ de nouvelles recherches en cours (V. Somers, C. Macé), notamment sur les collections de XVI discours liturgiques et sur le groupe des manuscrits d'Italie du Sud. Des collations systématiques ont été entreprises pour les discours 6, 9, 10, 13, 21, 27 et 38, en vue d'une édition critique. Des critères externes de classement, tels que la stichométrie, ont également été examinés (Biblio 113).
Alors que les versions orientales avaient été jusque là considérées comme les principaux représentants de la tradition indirecte, il est rapidement apparu que, étant donné la complexité de la transmission grecque, l'étude de la tradition indirecte grecque elle-même pouvait être d'une grande utilité pour livrer des informations sur les états grecs du texte de Grégoire de Nazianze à différents moments et en différents lieux de son histoire. Une recherche, coordonnée par le Centre, a donc été entreprise dans le domaine des citations des oeuvres de Grégoire par les auteurs grecs postérieurs (C. Macé; V. Frangeskou[4]). L'utilisation des textes de Grégoire à l'époque de l'iconoclasme a également été étudiée (Biblio 116).
Conclusion des recherches sur la tradition grecque
Les recherches ont révélé les principaux points suivants:
- la tradition manuscrite des collections complètes ne se limite pas aux deux types de collections (appelées "M" et "N") reconnus auparavant, mais il existe de nombreux autres types de collections complètes, aux côtés des collections partielles;
- contrairement à ce qui était admis, il n'y a pas de relation systématique entre la nature du texte (les variantes textuelles) et le type de collection complète dans lequel le texte est transmis;
- les collections partielles pourraient résulter de formations secondaires;
- les citations des oeuvres de Grégoire par des auteurs postérieurs livrent des informations précieuses sur des états de textes datables et localisables, en même temps qu'elles reflètent la place prise par Grégoire dans la culture byzantine.
II.2. Les traductions orientales
Le projet a vu la préparation et la publication des premières éditions critiques des versions orientales des discours de Grégoire de Nazianze, ainsi que des études détaillées sur l'influence de ces traductions auprès des milieux de réception.
II.2.1. La version arménienne
Plusieurs discours ont été édités dans leur version arménienne, par I. Baise, B. Coulie, A. Sirinian: discours 2, 9 et 12 (Biblio 76), 7 (Biblio 77 et 107), 4 et 5 (Biblio 106), 8 et 21 (Biblio 107); d'autres sont actuellement prêts pour l'impression: 38, 39 et 40, ou en préparation: 1, 6, 18, 27, 41, 44, 45. Un texte apocryphe attribué à Grégoire en arménien a également été édité (B. Coulie; Biblio 118). Des recherches ont porté sur la technique de traduction qui a présidé à la composition de la version arménienne, et sur la place occupée par cette version au sein de l'histoire de la littérature arménienne (B. Coulie; Biblio 93). Les recherches ont confirmé la datation et les caractéristiques linguistiques de la traduction arménienne, ainsi que sa valeur de témoignage par rapport au grec; elles ont également permis de retrouver dans la version arménienne des variantes textuelles importantes, qui étaient apparues dans les collations grecques.
L'heuristique a été complétée de quelques manuscrits récemment découverts (Biblio 117 et 126), ce qui a permis de mieux comprendre le positionnement relatif des trois versions entre elles. Les premiers discours ont été préparés pour l'édition par J.-C. Haelewyck, M. Quaschning et A. Schmidt; l'un est déjà publié (discours 40: Biblio 141), d'autres sont actuellement sous presse: discours 13 et 4, d'autres sont déjà en préparation (discours 14, 20, 27). Ces textes ont été également étudiés du point de vue des techniques de traduction; pour les discours 13 et 41, une concordance bilingue, grec-syriaque et syriaque-grec, a été préparée; sa publication constituera le premier instrument de ce genre dans le domaine des études syriaques en dehors de la Bible. Une recherche a été entreprise sur la tradition indirecte des discours dans la littérature syriaque par l'examen des oeuvres d'auteurs grecs traduits en syriaque et d'auteurs syriaques antérieurs à 624 (M. Quaschning et A. Schmidt). Les citations de Grégoire qui se trouvent chez ces auteurs ont été identifiées, et leur texte informatisé et comparé aux versions syriaques conservées par les manuscrits de Grégoire (travail encore en cours). L'histoire et le rôle des monastères grécophiles en Syrie ont été étudiés par A. Schmidt, afin de mieux connaître les milieux de traduction et de réception de la version syriaque de Grégoire de Nazianze: l'activité des monastères de Qenneshrin et d'Eusebona comme centres de transmission de la littérature grecque en syriaque a été mise en lumière (article de A. Schmidt en préparation).
II.2.3. Les versions géorgiennes[5]
Le texte critique des 16 discours de la collection liturgique a été entièrement préparé, sur base de collations exhaustives et d'une comparaison avec le texte grec. Trois volumes ont été publiés, comprenant les discours 1, 45, 44, 41, 15, 24, 19 et 38 (Biblio 101, 129 et 135), un quatrième volume est sous presse (discours 43), les autres sont prêts pour l'impression. L'édition et l'analyse d'autres textes, notamment des deux "Vie" de Grégoire de Nazianze conservées en géorgien, ont été préparées. Les deux textes géorgiens du discours 1 ont été comparés de manière approfondie au texte grec (B. Coulie; Biblio 121). L'édition des discours non-liturgiques est déjà en préparation. L'étude de ces textes a montré comment les traductions entrent dans un processus cumulatif, chaque traducteur utilisant la version précédente pour la corriger ou la compléter, pour aboutir à la confection d'un corpus complet en géorgien par Ephrem. Un traducteur moins connu jusqu'à présent, David Tbeli, a été étudié en détail et sa technique de traduction caractérisée (M. Matchavariani; Biblio 122). La comparaison avec le grec a mis en évidence la relation étroite existant entre les collections grecques (complètes et partielles) et les collections géorgiennes.
II.2.4. La version arabe
Une attention particulière a été accordée à la reconstitution de l'histoire du texte à travers les étapes de sa transmission manuscrite. Les recherches de J. Grand'Henry sur le discours 40 ont révélé l'existence de trois stades dans l'histoire de cette version: 1) une proto-version, 2) une proto-version révisée une première fois dans un milieu syrien, 3) une version élaborée dans un milieu sinaïtique sur la base des deux précédentes. Les faits linguistiques les plus caractéristiques ont été isolés en vue d'une étude séparée postérieure à l'édition critique du texte. Le stemma des manuscrits de collections complètes a été établi, et la position des discours isolés dans des recueils d'auteurs divers a été clarifiée: la tradition manuscrite des discours isolés, présents dans des manuscrits essentiellement syriens et libanais, s'éloigne du texte des collections complètes et partielles, même s'il s'agit certainement de la même version à la base. Plusieurs discours ont été édités de manière critique par J. Grand'Henry: 24 (Biblio 60) et 21 (Biblio 94), et par L. Tuerlinckx: 1, 45 et 44 (Biblio 134) ainsi qu'un texte apocryphe (Biblio 120); les discours 19, 27 (L. Tuerlinckx), 38 (L. Tuerlinckx), 40 (J. Grand'Henry) et 42 (V. Pirens) sont en préparation. Les caractéristiques des différentes phases rédactionnelles de la version arabe ont été présentées (Biblio 95 et 119).
Conclusion des recherches sur les versions orientales
Sur le plan textuel, et outre les résultats mentionnés ci-dessus, les comparaisons des versions entre elles et avec le grec ont révélé deux dimensions nouvelles:
1) L'importance du latin comme témoin d'un état de texte ancien important pour la reconstitution de l'original grec, alors qu'il était admis jusque là que le caractère non littéral de cette traduction la rendait inutilisable pour une comparaison textuelle. La première version latine des œuvres de Grégoire est due à l'un des traducteurs les plus actifs de la fin de l'Antiquité, Rufin d'Aquilée. Il s'agit d'une version partielle, ne concernant que les discours 2, 38, 39, 41, 26, 17, 6, 16 et 27 de Grégoire selon l'acolouthie de Rufin (texte édité en 1910). Réalisée sur commande vers 399-400, la traduction inaugure la notoriété dont jouira Grégoire dans la partie latine de l'Empire et conserve les traces d'un état ancien de la tradition. Une étude approfondie de la version latine a donc été intégrée au projet, avec pour objectif de déterminer la place du modèle grec de Rufin dans l'ensemble de la tradition textuelle grégorienne et de cerner au plus près la technique du traducteur latin afin de mesurer la pertinence par rapport au texte grec des variantes véhiculées par la version latine.
2) Les comparaisons ont permis de découvrir des accords textuels des trois versions anciennes — arménienne, syriaque, latine — entre elles, reflétant un état du texte grec perdu dans l'ensemble de la tradition grecque, et qui pourrait bien avoir été le texte original de Grégoire de Nazianze. Des sondages effectués dans plusieurs discours ont mis au jour de nouveaux accords de ce type. Par ailleurs, ces accords des versions anciennes sont dans certains cas appuyés par la version arabe, ce qui pourrait indiquer, soit que le texte grec original était encore en circulation dans la région d'Antioche au Xe s., soit que la version arabe dépend du texte syriaque.
Cette découverte confirme magistralement que l'édition du texte grec ne peut se faire qu'à partir des éditions orientales (I.1.1.c), et démontre la pertinence de l'approche méthodologique du projet "Grégoire de Nazianze", qui devrait être appliquée à d'autres oeuvres ayant connu une diffusion similaire (et ces oeuvres sont nombreuses, p.ex. celles du Pseudo-Denys l'Aréopagite: Biblio 127).
II.3. La circulation et l'assimilation des textes
Pour étudier les phénomènes de circulation et d'assimilation des textes de Grégoire de Nazianze dans l'Orient chrétien, et in fine leur influence sur les différents milieux, grecs et orientaux, les recherches ont porté sur les aspects suivants.
II.3.1. Les commentaires byzantins
Les principales étapes de l'histoire des commentaires grecs aux discours de Grégoire de Nazianze ont été étudiées:
- Les scolies anciennes, remontant au VIe s. (Biblio 115).
- Le commentaire du Pseudo-Nonnos, portant sur les allusions mythologiques contenues dans quelques discours de Grégoire de Nazianze a fait l'objet d'une attention particulière: le texte grec a été édité (Biblio 72), puis lemmatisé (Biblio 108); son rapport avec le texte de Grégoire a été analysé (Biblio 96 et 136).
- Les commentaires du scoliaste byzantin du Xe s., Basile le Minime, au discours 38 de Grégoire, ont été étudiés, édités, traduits et commentés par Th. Schmidt (Biblio 138), ce qui lui a permis d'éclairer l'histoire de ce texte en distinguant quatre groupes de manuscrits: Basile long (version originelle?), Basile court (version abrégée; trois sous-familles), “syllogé” (version augmentée: conglomérat de commentaires de divers auteurs; trois sous-familles et deux témoins indépendants), cas particuliers (Biblio 128).
- Une série de poèmes byzantins attachés aux discours de Grégoire ont été édités par V. Somers et C. Macé (Biblio 109 et 114).
- La Vita de Grégoire de Nazianze, texte qui se trouve à l'origine de la tradition hagiographique du saint, a été éditée, traduite et commentée (X. Lequeux; Biblio 133).
II.3.2. Les commentaires orientaux
Le domaine des commentaires orientaux représente encore une terre quasi inconnue: l'existence de commentaires aux oeuvres de Grégoire de Nazianze a été repérée dans la plupart des langues de l'Orient chrétien, mais ces textes, à la tradition manuscrite souvent abondante, demeurent encore inédits. Dans le cadre du projet,
- les versions orientales du commentaire du Pseudo-Nonnos ont été étudiées (Biblio 104).
- les recherches ont révélé l'importance du dossier de Grégoire de Nazianze dans le domaine des commentaires syriaques (Biblio 105).
Conclusion des recherches sur les commentaires
L'étude des commentaires a montré comment ceux-ci, aussi bien en grec que dans les langues orientales, ont servi à la fois d'explications de l'oeuvre de Grégoire de Nazianze pour la rendre accessible aux publics concernés, et de relais pour asseoir son autorité religieuse et culturelle dans les différents milieux: ces commentaires entretiennent avec le texte de Grégoire un rapport double: d'une part, ils servent d'appui aux oeuvres de Grégoire pour que celles-ci soient diffusées, comprises et assimilées; d'autre part, ils prennent eux-mêmes appui sur le texte de Grégoire, auxquels ils recourent comme à un argument d'autorité, pour véhiculer d'autres idées.
Une étude systématique de l'iconographie de Grégoire de Nazianze ou liée à sa personne et à son oeuvre a été entreprise:
- représentations du Saint en portrait (B. Tutorov);
- présence dans les arts somptuaires et mineurs (P. Voûte);
- miniatures des manuscrits grecs de Grégoire (S. Médina);
- frontispices dans les manuscrits grecs de Grégoire (I. Maron).
La recherche des illustrations dans les manuscrits a exploité la collection de microfilms des manuscrits grecs et orientaux du projet. Des répertoires des représentations et des motifs ont été organisés et informatisés; une description systématique informatisée en vocabulaire normalisé sur fiche-type a été mise au point (Biblio 123). Les documents rassemblés révèlent l'omniprésence de Grégoire de Nazianze comme fondement, comme réel 'pilier' de l'Église; l'emplacement de ses portraits dans les chapelles et églises, de préférence sur les murs incurvés de l'abside, derrière ou sur le côté de l'autel, c'est-à-dire là où se commémore essentiellement la double nature humaine et divine du Christ, exprime la référence à l'enseignement fondamental de Grégoire en matière de théologie.
Conclusion des recherches sur l'iconographie
Dans la tradition iconographique, la figure de Grégoire de Nazianze apparaît plus comme un 'type' (élément d'une typologie de personnages), voire un symbole, que comme un portrait réel: la représentation du Saint entre dans l'établissement d'archétypes qui se développent aux côtés de la typologie traditionnelle, celle qui met en parallèle des personnages ou des événements de l'Ancien et du Nouveau Testament seulement. Avec Grégoire et les autres hiérarques et leurs contemporains, se dessine la première couche de sainteté dans l'histoire de la Chrétienté. Dès le VIe siècle sans doute, l'histoire de la Foi s'organise ainsi en trois grandes "couches archéologiques": celle des Prophètes, celle des Apôtres et celle des Pères de l'Église. A l'intérieur de ce niveau, Grégoire s'articule avec d'autres grandes figures de manière variable; soit comme évêque, soit comme patriarche, soit comme prêtre, soit encore comme consolateur, soit comme ami, soit comme grand témoin de Dieu.
L'iconographie, élément non textuel, est venue confirmer les informations que les textes livrent quant à la diffusion de la figure de Grégoire de Nazianze dans l'Orient chrétien: textes et images convergent pour imposer, dans les différents milieux, l'oeuvre et la pensée de Grégoire comme repère religieux et culturel.
II.5. Le développement d'outils informatisés
Les outils lexicaux informatisés, en particulier les lemmatisations (index et concordances), présentent plusieurs intérêts: le traitement de masses de données importantes, de manière exhaustive et systématique; la facilitation de l'analyse lexicale; la comparaison objective des différentes langues. La création informatisée des concordances en vue de la lemmatisation peut également servir de socle pour des développements postérieurs d'outils d'analyse informatisés. Le développement de ces outils impose en outre une réflexion sur le système de chaque langue, qui s'avère extrêmement profitable lors des travaux d'édition et d'analyse de la réception des textes.
II.5.1. Lemmatisations grecques
En collaboration avec le CETEDOC (Centre de Traitement Électronique des Documents, U.C.L.), un système de lemmatisation avait été mis au point à partir des oeuvres complètes de Grégoire de Nazianze (Biblio 67 et 71). Le système a ensuite été appliqué à d'autres textes, d'abord très similaires à ceux de Grégoire (Biblio 78), puis progressivement plus différents (Biblio 88, 99, 103, 108, 124, 125, 137), afin d'en tester la validité. Le système a ainsi pu être précisé et développé (Biblio 92). Il est actuellement le système de lemmatisation du grec le plus performant connu. Dans ce domaine, le dossier de Grégoire de Nazianze a donc parfaitement joué son rôle de "test-case" pour développer un outil d'analyse lexicale capable d'être appliqué à d'autres textes. L'exploitation de cet outil a depuis donné lieu au développement d'un projet indépendant (dir. B. Coulie).
Le texte de la traduction latine des discours de Grégoire de Nazianze par Rufin d'Aquilée a été encodé et lemmatisé par M. Dubuisson selon le système en vigueur au CETEDOC (publication en préparation).
II.5.3. Lemmatisations orientales
Les textes édités dans le cadre du projet sont appelés à faire l'objet d'une lemmatisation systématique. Les textes arméniens sont lemmatisés en collaboration avec l'Université de Leyde (lemmatisation publiée dans chacun des volumes d'édition: Biblio 76, 106, 107). L'ensemble des lemmatisations arméniennes est ensuite récupéré à Louvain-la-Neuve dans un format parallèle à celui des lemmatisations grecques. La lemmatisation syriaque fait l'objet d'une collaboration avec l'Hebrew Union College de Cincinnati (U.S.A.). Pour les textes arabes et géorgiens, des recherches sont actuellement en cours pour adapter au système respectif de ces langues le modèle développé à partir du grec. L'objectif est de disposer des lemmatisations par langue dans des formats parallèles, afin de faciliter les comparaisons et l'élaboration d'outils multilingues.
II.5.4. Comparaison multilingue
L'objectif est d'exploiter les lemmatisations dans une optique multilingue. L'attention s'est portée d'abord sur les possibilités informatiques de consultation en parallèle des corpus grecs et latins. Pour le rapprochement informatique des deux corpus, l'unité de base retenue est la forme. Une première tentative d'alignement avec, pour objectif, la réalisation d'un lexique bilingue a porté sur un rapprochement forme à forme sur base de codes d'analyse morphosyntaxique attachés à chaque forme. Dans le cas de la traduction par Rufin des discours de Grégoire de Nazianze, les résultats obtenus sont décevants — à l'inverse de ce qui peut être observé pour les Sentences de Sextus également en traitement dans le projet — et montrent la nécessité, étant donné le type de traduction pratiquée, d'aligner les formes en contexte afin d'arriver à une concordance (et non à un lexique) bilingue. Ce deuxième type d'alignement, initié pour le discours 27, donne des résultats plus prometteurs. Pour la consultation, l'emploi du logiciel Access a permis, par la conception d'une interface adéquate, de rendre les recherches aisées et rapides dans chaque langue et d'accéder facilement à l'affichage d'une concordance multilingue.
La lemmatisation de l'ensemble du corpus et la préparation puis l'analyse des tests d'alignement effectués sur le discours 27 ont permis de mettre en avant certaines pratiques de Rufin en tant que traducteur de Grégoire de Nazianze: choix du vocabulaire, modifications grammaticales (notamment dans les personnes et les voix des verbes), ré-élaboration des périodes, ajouts, suppressions ou déplacements d'éléments. Ces transformations paraissent liées à l'un des trois facteurs suivants: présence en grec d'une leçon variante ou erreur du traducteur, changement de situation de communication (passage de l'oral à l'écrit, changement de langue, changement de contexte historique et culturel), interférences avec les préoccupations propres du traducteur. La poursuite du travail de comparaison et son extension à l'ensemble du corpus devrait permettre de préciser ou d'infirmer cette première tentative de typologie.
Conclusion des recherches sur le développement des outils informatisés
Le système de lemmatisation grecque mis au point à partir des oeuvres de Grégoire de Nazianze a été développé par l'application à d'autres textes grecs; cette application a débouché sur la publication de plusieurs ouvrages, dans une collection créée à cet effet. L'expérience acquise dans le domaine grec a permis d'envisager son application et son adaptation à d'autres langues concernées par le projet, dans le but de disposer de lemmatisations des différentes versions du texte de Grégoire dans des formats similaires qui facilitent la comparaison multilingue.
L'avancement important des recherches a déjà permis de publier des études de synthèse sur la diffusion des oeuvres de Grégoire de Nazianze dans le monde de l'Orient chrétien, grec et oriental. Chaque volume des éditions critiques est également précédé d'une introduction détaillant le cheminement du texte depuis le modèle grec jusqu'au milieu de réception concerné, et les transformations que le texte y a subies.
La connaissance du rapport entre le texte grec — tel qu'il peut être appréhendé à travers ses états connus et/ou conservés — et les versions anciennes — latine et orientales — a progressé de manière décisive par la découverte d'accords importants de ces versions anciennes entre elles, contre l'ensemble de la tradition grecque conservée, accords qui reflètent un état du texte qui pourrait être l'original (Biblio 132). Cette découverte réoriente complètement l'entreprise d'édition du texte grec, qui pourra s'en trouver accélérée.
Plusieurs articles ont présenté le phénomène de diffusion et d'assimilation dans les milieux syriens (Biblio 110), arméniens et géorgiens (Biblio 130); une synthèse générale de la problématique a également été publiée (Biblio 131). Ces recherches ont nourri une réflexion plus générale sur la diffusion culturelle et les problèmes d'identités qui y sont liés, partant d'une connaissance acquise dans le domaine de l'Antiquité et de l'Orient chrétien pour interroger sa validité et sa pertinence pour l'Europe d'aujourd'hui et de demain (Biblio 142, 143, 144).
[1] Le point I représente l'état des connaissances à la veille de l'ARC 1996.
[2] Les numéros font référence aux publications mentionnées dans la Bibliographie du Centre d'Etudes sur Grégoire de Nazianze, disponible sur le site Nazianzos (http://nazianzos.fltr.ucl.ac.be).
Parce que l'Université catholique de Louvain est une des rares institutions à posséder l'infrastructure scientifique et humaine nécessaire à un projet impliquant les différentes langues de l'Orient chrétien, un réseau s'est formé autour d'elle pour réaliser le programme international d'édition critique et d'étude des oeuvres de Grégoire de Nazianze, auquel collaborent des collègues allemands, autrichiens, britanniques, géorgiens, grecs, néerlandais; des relations suivies sont entretenues aussi avec des collègues des Etats-Unis, de France, d'Italie, du Liban, etc. Le Centre d'Etudes sur Grégoire de Nazianze, reconnu à l'U.C.L. depuis 1990, coordonne les travaux des différentes équipes et assure leur publication, dans deux collections spécialement créées à cet effet, le Corpus Nazianzenum (dir. B. Coulie, J. Mossay, M. Sicherl) au sein du Corpus Christianorum. Series Graeca (Turnhout, Brepols; 9 vol. parus, 6 vol. sous presse), et les Forschungen zu Gregor von Nazianz (dir. J. Mossay, M. Sicherl) au sein des Studien zur Geschichte und Kultur des Altertums (Paderborn, Munich, Vienne et Zurich, Schöningh; 14 vol. parus). De nombreux articles ont été publiés dans différentes revues, spécialement dans la revue d'études orientales Le Muséon (dir. B. Coulie).
[3] Une présentation détaillée de l'objet — texte grec et versions orientales — est fournie dans la demande ARC 1996, et est accessible sur le site Nazianzos.
[4] Les recherches de V. Frangeskou ont donné lieu à une publication: V. Frangeskou, The Indirect Tradition of Gregory's Nazianzen Texts in the Acts of the Ecumenical Councils, dans Le Muséon, 112 (1999), p. 381-416.
[5] Les recherches sur les versions géorgiennes font l'objet d'une collaboration suivie avec une équipe de l'Institut des Manuscrits de l'Académie des Sciences de Géorgie, à Tbilisi, grâce à un financement INTAS.
[UCL]
[FLTR]
[GLOR]
[Centre "Grégoire de Nazianze"]
[Centre for the Study of Gregory of Nazianzus]
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Dernière mise à jour : 5 avril 2002
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